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Publié le – Mis à jour le
Oui, vous pouvez être indemnisé si vous avez fait l’objet d’une détention provisoire ou d’un placement sous assignation à résidence avec surveillance électronique (ARSE) sans être finalement condamné. Si vous souhaitez être indemnisé, vous devez transmettre une requête argumentée au premier président de la cour d’appel géographiquement compétente pour votre affaire. Cette procédure nécessite l’assistance d’un avocat. Nous vous présentons les informations à connaître.
En principe, toute personne qui a subi un préjudice en raison d’une détention provisoire ou d’un placement sous assignation à résidence avec surveillance électronique injustifié peut demander une indemnisation.
La détention provisoire et l’ ARSE sont considérées comme injustifiées lorsqu’elles sont suivies d’une :
Ordonnance de non-lieu
Décision de relaxe devenue définitive
Décision d’acquittement devenue définitive.
Dans certaines circonstances, la détention provisoire ou le placement sous assignation à résidence avec surveillance électronique restent justifiés alors même que vous n’avez pas été condamné. Ainsi, les demandes d’indemnisation sont automatiquement refusées.
Il s’agit notamment des cas dans lesquels :
Vous n’avez pas été condamné uniquement parce que vous avez été déclaré pénalement irresponsable
Vous n’avez pas été condamné car vous avez bénéficié d’une amnistie à la suite de votre placement en détention provisoire ou sous ARSE
Vous avez été placé en détention provisoire ou sous ARSE uniquement parce que vous vous êtes volontairement accusé ou laissé accuser à tort pour éviter que le véritable auteur des faits ne soit condamné
Dans le temps de votre détention provisoire, vous étiez également en prison pour une autre cause
Vous n’avez pas été condamné car, après votre libération, l’infraction était prescrite. Délais de prescription
Le versement d’une indemnité sert à réparer les préjudices que vous avez subi durant votre privation de liberté.
Il peut s’agir d’un préjudice matériel qui englobe notamment :
La perte de salaire ou de revenus
La perte de chance (par exemple, la perte de chance de passer un entretien d’embauche pour obtenir un emploi)
Les frais de transport engagés par votre famille pour venir vous voir en détention.
Par ailleurs, l’indemnisation couvre le qui s’entend notamment par :
L’éloignement familial (exemple : séparation d’un père et de son nouveau-né)
La naissance d’un enfant durant la détention
Les conditions d’incarcération (exemple : en cas de surpopulation carcérale).
Si vous souhaitez faire évaluer les préjudices que vous avez subi, vous pouvez demander une expertise judiciaire auprès du premier président de la cour d’appel compétent dont dépend la juridiction pénale ou le juge d’instruction qui a prononcé la décision de non-lieu, de relaxe ou d’acquittement.
Cette demande doit être faite avant toute demande d’indemnisation : on parle d’un référé expertise .
Le premier président de la cour d’appel désigne un expert qui doit répondre à toutes les questions techniques précisées dans sa décision.
Les conclusions de l’expert doivent être jointes à votre requête en indemnisation.
Pour obtenir réparation des préjudices causés par la détention provisoire ou l’ ARSE injustifiée, vous devez adresser une demande au premier président de la cour d’appel dont dépend la juridiction pénale ou le juge d’instruction qui a prononcé la décision de non-lieu, de relaxe ou d’acquittement.
Dès le début de la procédure, vous devez être assisté d’un avocat. En cas de faibles ressources financières, vous pouvez demander à bénéficier de l‘aide juridictionnelle.
La demande prend la forme d’une requête signée par votre avocat et par vous-même.
Dans votre requête, vous devez indiquer les éléments suivants :
Exposé des faits
Montant de l’indemnisation demandée
Indications utiles à l’examen de la demande (la date et le type de décision de justice rendu, la juridiction qui a prononcé la décision et l’adresse à laquelle il est possible de vous envoyer une notification)
Justificatifs et éléments de preuve (exemple : la copie de la décision de non-lieu, de relaxe ou d’acquittement).
Cette demande doit être remise au greffe de la cour d’appel compétente dans un délai de 6 mois à compter de la décision de non-lieu, de relaxe ou d’acquittement devenue définitive.
Elle peut être :
Remise directement au greffe, contre récépissé
Transmise par lettre recommandée avec demande d’avis de réception.
La décision du premier président de la cour d’appel intervient lors d’une audience publique (sauf si vous vous y opposez).
Vous n’êtes pas contraint de vous présenter à cette audience. En revanche, la présence de votre avocat est obligatoire.
Le premier président de la cour d’appel rend une décision argumentée qui est notifiée :
Soit par remise d’une copie contre récépissé (si vous êtes présent à l’audience)
Soit par lettre recommandée avec demande d’avis de réception (si vous êtes absent à l’audience).
Le premier président de la cour d’appel peut décider de vous octroyer une indemnité pour réparer les préjudices que vous avez visés dans votre requête.
Il peut également rejeter une ou plusieurs de vos demandes ou vous accorder une indemnité inférieure à celle que vous sollicitiez.
Si vous n’êtes pas d’accord avec la décision du premier président de la cour d’appel (exemple : vous estimez que le montant de l’indemnité qui vous a été octroyé est trop faible), vous pouvez faire un recours devant la commission nationale de réparation des détentions de la Cour de cassation.
Pour cela, vous disposez d’un délai de 10 jours à compter de la notification de la décision de la cour d’appel .
Votre recours doit être directement remis au greffe de la cour d’appel qui a rendu la décision que vous contestez. Elle ne peut pas être transmise par lettre simple ou par lettre recommandée avec demande d’avis de réception (sauf si vous êtes en prison).
Après avoir instruit votre demande, la commission nationale de réparation des détentions rend une décision qui ne peut pas faire l’objet d’un nouveau recours.