Interview : La tribu des Boboyakas

Dans la famille des Boboyakas, il y a Gilbert, marin au long cours, Jehanne, ancienne paysanne, Nathalie, enseignante syndicaliste, mais aussi des infirmiers, une psychanalyste, un ingénieur… Pionniers de l’habitat partagé entre personnes vieillissantes, ces femmes et ces hommes entre 60 et 85 ans sont unis par un rêve commun :

celui d’éviter l’Ehpad et l’isolement lié au grand âge et d’inventer une troisième voie pour nos vieux jours. Thierry Pouzaud

Structuré à la fois en association et en coopérative d’habitant·es, le collectif des Boboyakas a vu le jour en 2008.

À l’époque, nos parents vieillissaient. On a pris conscience de ce qu’ils vivaient et l’idée est née comme ça, lors d’un repas. On a fait alors le pari de vieillir ensemble, de manière joyeuse et sans peser sur nos enfants. Edith Cassan

L’idée est galvanisante. Le chemin sera long. Dix-sept ans plus tard, certains ont quitté le navire, d’autres ont embarqué dans l’aventure. Aujourd’hui, les Boboyakas sont dix-huit. Dix-huit pionniers aux têtes chenues qui ont tenu bon face aux embûches.

Un centre de ressources sur la vieillesse

Nous voulions un projet pérenne. Dans cet objectif, nous avons constitué une coopérative d’habitant·es afin d’être locataires de nos logements pour les transmettre à de nouvelles générations de coopérant·es. C’était inédit. Il a fallu convaincre les banques et les responsables locaux. Sylvie Dumard

Implantée à Bègles, dans le quartier La Castagne, « un nom qui nous va bien », glisse Anne-Marie Deforges, la future maison des Boboyakas est en bonne voie.

Fin 2022, Bordeaux Métropole leur a vendu la parcelle de 3 000 m² qui jouxte la route de Toulouse. Les Boboyakas ont obtenu le permis de construire dans la foulée, puis élaboré avec le cabinet Dauphins Architecture, les contours de leur future maison.

Projet générationnel, le concept est tourné vers la jeunesse. Le bâtiment comprendra donc vingt appartements d’environ 50 m², une micro-crèche, un local commercial et trois studios dédiés à des étudiant·es ou de jeunes travailleur·euses.

Le temps de boucler les appels d’offres et les financements, le collectif espère poser ses cartons en 2026. Fidèle à l’esprit innovant des origines, l’habitat des Boboyakas devrait aussi devenir à terme un centre de ressources sur la vieillesse.