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Publié le – Mis à jour le
Les habitués du stade Moga les mercredis après-midi le connaissent bien. Sa silhouette chaloupant astucieusement entre les tirs de ballons et les courses effrénées des jeunes rugbymen béglais est reconnaissable entre mille. Christian Durin, le directeur emblématique de l’école de rugby du Club Athlétique Béglais (CAB), a formé des générations de joueurs de rugby, leur inculquant avant tout « l’esprit béglais » comme il l’appelle : « fraternité et épanouissement des enfants pour les aider à construire leurs vies ».
Ce Béglais pur sucre est né en 1947, dans le quartier Saint-Maurice, rue Pierre Salin. Son père est contremaitre à la Sempa et sa maman couturière. « C’était l’époque où il n’y avait pas de rocade. Les jeunes passaient leur temps en bord de Garonne, au milieu des tilleuls et des pendilles », se souvient-il. Un temps où les gens se réunissaient devant les portes le soir.
Élevé à l’école Sembat puis à Gambetta, Christian a bénéficié des cours des moniteurs d’éducation physique
municipaux. « Bègles était en avance. Je me souviens particulièrement de monsieur et madame Boyer. Après l’école, on choisissait la gym ou le rugby. J’ai commencé le rugby à l’âge de 8 ans ». Les entrainements se déroulent le jeudi dès midi sur le terrain d’honneur. Christian y croise les Pierre Marrens, Christian Siot ou Robert Joandet, des joueurs qui ont marqué l’histoire du club. « Et le CAB (Club Athlétique Béglais) est devenu ma deuxième famille, sous la présidence d’André Moga et son frère Bambi ».
Le 3ᵉ ligne devient vite capitaine des jeunes. « J’ai passé dix années merveilleuses. On comptait parmi les meilleures équipes françaises, un public éclairé venait nous applaudir à Moga », raconte l’ancien joueur qui reconnait que ce sport lui a donné une formation à plusieurs niveaux : sportif bien sûr, mais aussi sur le plan de la vie sociale, culturelle, en lui donnant un environnement structuré. « Moi, j’étais programmé pour être chaudronnier. Mais mes camarades de jeu étaient étudiants et je me suis lancé. Grâce au rugby, je suis devenu prof de gym », confie-t-il. Christian fera la plus grande partie de sa carrière au collège du quartier des Aubiers à Bordeaux. « J’étais au service de tous les enfants
de ce quartier populaire. Je tenais une fibre sociale par ma famille : mon père était communiste, mon cousin militait
à la CGT ».
À sa retraite, Christian décide de redonner à son club ce qu’il lui a transmis. Et depuis 15 ans, il veille à la formation des enfants, garçons et filles, qui viennent à Moga, comme lui, au même âge, salir leurs shorts. Jallibert, Paeva, Lamothe, Romain Chambon, Lucas Meret, Gimbert, Mathias Marie et sa sœur Margot ont tous été internationaux et ont lancé leur premier ballon à Bègles.
Mais l’important pour Christian n’est pas là :
Le rugby doit permettre à chacun de construire son projet de vie, d’éveiller son esprit et de s’épanouir. Je demande, aux éducateurs qui encadrent les jeunes, au travers du rugby, de permettre aux enfants de grandir tout simplement. Ils sont là pour les encourager à mieux faire, parler du positif et canaliser l’enthousiasme des parents !
La satisfaction de Christian : « que les enfants aient envie de revenir jouer avec les copains ». Et les résultats sont là, les équipes à damier font partie des meilleures.
On ne peut pas imaginer Bègles sans le rugby. La ville y perdrait une partie de son âme et inversement. Bègles s’est transformée, mais sans oublier ses origines. La vie de quartier est toujours dynamique et le brassage des populations important. C’est ce qui fait notre richesse, l’esprit béglais de transmission et de partage.
Interview réalisée pour La Béglaise de sept-oct 2019
Les jeunes Béglais ont été félicités pour leur saison extraordinaire. Un rendez-vous est pris pour l’année prochaine !